François Grosdidier, député de la Moselle, demande l'interdiction de la chanson "FranSSe" du rappeur Monsieur R. Raison invoquée : elle constituerait "une incitation au racisme et à la haine".
Un extrait du discours de Jacques Chirac lors de son élection à la présidence en 1995 ; des images d'émeutes en Côte-d'Ivoire en 2004, un message en guise de précision: "Quand je parle de la France, j'parle pas du peuple français mais des dirigeants de l'Etat français (…). Et le rappeur Monsieur R apparaît, vêtu d'un costume de militaire. Derrière lui, tantôt des images de Côte-d'Ivoire, tantôt juchées sur un 4x4, l'attitude lascive et les seins à l'air, deux jeunes femmes se caressant avec un drapeau tricolore.
Le clip est celui de la chanson "FranSSe" du rappeur de Monsieur R extraite de l'album Politikment Incorrekt. François Grosdidier, député UMP de Moselle a annoncé vendredi qu'il avait demandé au garde des Sceaux Pascal Clément d'engager des poursuites contre le chanteur de Seine-et-Marne et d'interdire la diffusion de cette chanson.
"Incitation au racisme"
Motif : les paroles et la vidéo de "FranSSe" constituent, selon lui, une "incitation au racisme et à la haine". Et ce n'est pas tout, elles mettraient en danger la sécurité nationale car "son message reçu par des jeunes déstructurés ou paumés de nos quartiers, peut légitimer chez eux au mieux l'incivilité, au pire le terrorisme".
Parmi les paroles mises en cause : "La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser comme une salope". La phrase est reprise avec le terme Europe. Et puis : "Moi, je pisse sur Napoléon et le général de Gaulle". Pour François Grosdidier, les amalgames dans le clip "tendent à assimiler la France au IIIe Reich".
Lecture erronée
Cité par Libération vendredi, Monsieur R se défend et parle de lecture erronée. Il cite le message introductif du clip où il précise qu'il ne parle pas des Français mais des dirigeants qui, de l'esclavage à la colonisation, nous exploitent." Il explique : "Les images de la Côte-d'Ivoire où l'on voit des militaires français tirer viennent d'un reportage de Canal +. Ce qui doit les gêner c'est de voir celles de Jacques Chirac, alors Premier ministre, en train de serrer la main de Mobutu, dictateur sanguinaire du Zaïre, le pays dont je suis issu."
Après NTM et Sniper, c'est la troisième fois qu'un texte de rappeur est dans le collimateur de la Justice. Mi-juin, le tribunal correctionnel de Rouen avait relaxé le groupe du Val-d'Oise, poursuivi par Nicolas Sarkozy pour les paroles de la chanson "La France" jugées "violentes, racistes et injurieuses", au motif qu'on ne pouvait pas retenir "l'élément intentionnel de provocation susceptible d'inciter un public averti à la violence".